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La persévération des personnes cérébrolésées s’apparentera à de la stéréotypie en fonction de la gravité des troubles cognitifs, mais pourra aussi se manifester sous la forme d’actions compulsives. On peut aussi admettre qu’il pourra se produire des formes plus élaborées de persévérations qui affectera les capacités de gestion de certaines situations et elles pourront prendre la forme d’entêtements irrationnels et de persistances apragmatiques. |
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Il sera
toujours plus ou moins difficile d’apparenter la persévération des personnes
cérébrolésées si on la catalogue de manière trop rigide en s’en tenant à la
définition basique qu’on lui donne en neuropsychologie. |
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La persévération des personnes cérébrolésées s’apparentera à une forme de stéréotypie lorsque les troubles cognitifs seront d’une telle importance qu’ils abolissent en fonction de circonstances particulières certains aspects du raisonnement et du discernement exécutif. |
Cette forme de
persévération relève de comportements quasi instinctifs, très stéréotypés avec
peu de contrôle en donnant une priorité à l’acte en cours avec une analyse
restreinte et focalisée. Je propose ci-après trois exemples de situation de persévération focalisée obsessionnelle d’une personne cérébrolésée qui l’amène à des comportements stéréotypés. Michel se focalise sur le prix de la baguette qu’il achète tous les jours et qui a changé. Il répète sans cesse tout le long du trajet à pied qu’il effectue pour aller à la boulangerie avec son auxiliaire de vie que c’est très bien que la baguette soit passée de 95 cts à 1 €. Cette répétition s’est déroulée tous les jours pendant un certain temps. En fait auparavant, il voulait toujours avoir l’appoint pour acheter sa baguette et mettait de côté les 95cts nécessaires, mais le changement de prix lui a permis plus facilement compte tenu de ses difficultés cognitives de mettre de côté le montant de 1 €. Michel se rase avec insistance sans tenir compte des blessures et du psoriasis qu’il a sur le visage. Il appuie sur le rasoir pensant qu’appuyer fort rase mieux jusqu’à casser la grille et continuer malgré tout alors qu’il se blesse. Il est totalement imperméable aux remarques qui lui sont faites pour qu’il corrige sa manière de faire. Michel découpe systématiquement tout ce qui
dépasse d’un vêtement, intérieur ou extérieur sans prendre en compte les dégâts
qu’il occasionnera. Il répète cette action systématiquement et se met en colère
quand on essaye de le raisonner. En faisant cela, il engage des actes
stéréotypés qui sont à la limite de l’action compulsive. |
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Des actes compulsifs des personnes cérébrolésées s’apparenteront à de la persévération quand le contrôle de certaines actions exécutives sera mené avec un discernement aléatoire et obsessionnel. |
La
persévération pourra prendre la forme d’actions compulsives, chez les personnes
cérébrolésées qui retrouvent une vie sociale et qui gèrent plus ou moins bien
les paramètres du quotidien. |
Voici ci-après quatre exemples d’actions
compulsives de personnes cérébrolésées qui s’apparentent à de la persévération. |
VIDEO 1 Claude reconnait que dans les périodes de stress intenses qui ont suivi sa récupération après son accident il s’est laissé prendre dans le piège d’achats compulsifs à caractère compensatoire quand il a perçu le montant de son indemnisation. |
VIDEO 2 Paul entreprend régulièrement de manière que l’on peut qualifier de compulsive le classement de ses papiers alors qu’il a déjà à maintes reprises effectué cette tâche. Son épouse n’arrive pas à comprendre pourquoi il reclasse régulièrement des papiers qu’il a déjà classés alors qu’il est conscient d’avoir déjà exécuté cette tâche. |
VIDEO 3 Paul consulte régulièrement sur un catalogue un amortisseur de voiture, son épouse est stupéfaite qu’il puisse regarder pendant très longtemps la même chose sans se lasser. |
PHOTO 1 Michel scotche des bouts de bois sans utilité, mais dans un but inassouvi. Dès qu’il rentre chez lui, il gagne le cellier qui lui sert d’atelier et entreprend de couper des bouts de bois pour les scotcher ensuite. Le nombre augmente sans cesse et il faut lui acheter des planches et du scotch pour qu’il puisse assouvir cette action compulsive. |
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La persévération
s’apparentera à de l’entêtement irrationnel quand les troubles cognitifs
entraineront une perte de rationalité telle dans certaines circonstances qu’elle
provoquera l’altération du discernement et produira des analyses tronquées de
situations émotionnellement frustrantes, car mal engagées, mal comprises ou mal
interprétées. |
Cette forme de
persévération apparaitra dans des circonstances particulières à forte prégnance
émotionnelle. Elle résultera d’une focalisation excessive liée à un déficit de
contrôle inhibitif associé à une capacité de relativisation limitée. |
Voici ci-après cinq exemples d’entêtement
irrationnel de personnes cérébrolésées qui s’apparente à de la persévération,
car elles tournent en boucle sur leurs problèmes. |
Michel exprime
régulièrement sa volonté de reconduire pour aller seul dans les Alpes bien
qu’il ait plus ou moins conscience des grandes difficultés qu’il pourrait
rencontrer en conduisant en raison de son agnosie visuelle très importante,
mais pour lui seul compte la finalité de pouvoir se déplacer à nouveau seul. Il
s’entête répétitivement à manifester sa volonté de reconduire sans jamais
vouloir passer à l’acte. |
VIDEO 4 Michel dans son désir de reconduire s’est persuadé qu’il doit passer par des cours de code. Il écumera donc les autoécoles allant d’échec en échec dans la correction des séances de code du fait de son agnosie visuelle. |
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VIDEO 5 . Paul est très lent et assez peu réactif, mais il persiste à vouloir conduire son automobile malgré ses difficultés d’anticipation. Des petits accrochages et un accident consécutif de sa lenteur ne le dissuadent pas d’arrêter la conduite automobile. Il est pourtant bien conscient de sa lenteur et des conséquences qu’elle peut avoir sur la conduite automobile, mais il s’entête tout de même à vouloir conduire. La vidéo montre bien la lenteur cognitive qui affecte Paul. |
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La persévération pourra s’apparenter à des persistances apragmatiques quand certaines actions exécutives seront plus réfléchies, moins violentes, moins braquées, avec plus de souplesse mentale, mais avec une stratégie inadaptée ou mal adaptée qui conduira plus ou moins quand même dans l’impasse. |
La personne
cérébrolésée dans certaines circonstances éprouvera des difficultés à trouver
une solution pragmatisme face une problématique qu’elle doit résoudre qui la
conduira à s’accrocher sur des certitudes arbitraires basées sur des constats
qui isolément pourront être juste, mais ne
se corroborent pas dans la finalité, car des éléments relatifs importants
ne sont pas pris en compte ce qui conduit à un entêtement sur des
positionnements qui peuvent devenir intenable pour tout un chacun, mais dont elle
ne se rendra pas compte et elle s’enfermera dans des attitudes qui donneront un
résultat perverti qui ne correspondra pas à ses aspirations. |
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VIDEO 6 Simone développe une contestation permanente dans ses relations sociales et s’estime dans son bon droit et elle attend que ses contradicteurs se plient à ce qu’elle exige. Elle bénéficiait de l’accompagnement d’un SAVS spécifique de la cérébrolésions, mais elle posait unilatéralement les conditions de sa prise en charge ce qui amena ce service à interrompre son accompagnement. |
VIDEO 7 . Simone est en conflit avec la copropriété de sa petite résidence pour une place de stationnement indiqué plus haut, mais aussi pour d’autres exigences incohérentes qu’elle formule régulièrement. Elle est également en litige pour des raisons de frais de transport avec la nouvelle association qui lui procure des auxiliaires de vie. Elle est également en conflit avec les animateurs d’un GEM ou elle passe ses loisirs. Elle s’enferme répétitivement dans des principes qui lui ferment la porte de solutions pragmatiques. Quand je lui pose la question « est-ce que tu entends toujours bien les raisons de l’autre », elle me répond « J’entends ce qu’il dit à savoir si je suis d’accord ? », cette réponse est édifiante sur sa capacité de conciliation. |
VIDEO 8 Martial dans sa recherche de formation et d’emploi ne prend pas en compte ses difficultés cognitives, il se perd dans des directions contradictoires, il n’a pas de vraies stratégies et son manque d’adaptation aux changements ne lui permet pas de corriger ses erreurs afin de développer une recherche objective et constructive. |
VIDEO 9 . Martial se lance dans recherches éperdues d’emploi et de formation qui l’amène dans une impasse, car il reste focalisé sur son passé de militaire qui aurait dû selon ses certitudes lui ouvrir la porte sur des emplois réservés. |
VIDEO 10 Loïc dans ses relations sociales ne sait pas s’affirmer, dire non, n’arrive à se positionner et argumenter pragmatiquement pour réfuter ou refuser ce qui l’amène à persévérer dans des attitudes qui vont à l’encontre de ses envies, de ses intérêts et de sa tranquillité. Il fuit la contradiction ou l’aborde d’une manière réactive inadaptée. Il agit ainsi en raison d’un manque de confiance en soi et dans ses relations sociales il n’arrive pas à contredire ses collègues, ses amies pour se positionner selon ses désirs ou ce qui lui convient le mieux et dans ces situations il reproduit les mêmes attitudes, il tente d’éviter, il tente de fuir pour finalement céder ou se plier aux autres. |
VIDEO 11 . Paul sait plus ou moins consciemment que lorsque son épouse l’envoie faire des courses il sera distrait sur le parcours, mais il n’arrive pas à corriger ce fait et continue de reproduire chaque fois des situations de distraction. Le plaisir de l’instant domine l’analyse pragmatique et le moindre évènement ou la moindre rencontre va le faire dévier de son chemin. Son épouse le tance régulièrement, car elle peut l’attendre assez longtemps alors qu’il est simplement parti acheter du pain, il reconnait placidement les faits, mais réitère quand même souvent ce comportement. Ce qui irrite le plus son épouse c’est que son absence pour fait de distractibilité peut se produire alors qu’il est important pour elle qu’il ne traine pas et alors qu’il s’est engagé à faire vite. |
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La question se pose de l’attitude à adopter face à certains comportements qui s’apparente à de la persévération lorsque la communication ordinaire ne parvient pas à faire entendre raison à la personne cérébrolésée. |
Les troubles de l’organisation mentale, du discernement rationnel, des initiatives adaptées peuvent provoquer quand la personne cérébrolésée cherche sa cohérence à développer des actions ou des actes répétitifs qui pourront s’apparenter à de la persévération et il sera donc important de distinguer sous quelle forme elle se présente pour pouvoir adapter la communication ou la relation avec elle. La persévération quelle que soit la forme d’apparentement sous laquelle elle se manifestera pourra entrainer des conséquences surprenantes sur le fonctionnement cognitif et avoir une incidence négative sur les relations sociales en raison d’actions qui revêtiront une focalisation, une polarisation excessive sur des évènements. Il faudra dans des circonstances parfois mineures dénouer le fil sans heurter, humilier, rabaisser la personne cérébrolésée afin d’essayer d’établir un échange qui ne débouche pas sur une situation conflictuelle qui pourra devenir insoluble. Il sera toujours difficile dans le cas de persévération de se mettre au
diapason d’une personne cérébrolésée qui manifeste un manque de flexibilité
cognitive, un manque de tolérance,
parfois même de bon sens, qui fonctionne avec un déficit d’adaptation,
de relativisation, de cohérence, qui prend des décisions ou des
comportements arbitraires, qui tourne en
boucle sur ses problèmes sans prendre en compte les autres et sans en être
vraiment consciente. |
La compréhension du mode opératoire qui conduit la personne cérébrolésée à une forme de persévération n’apportera pas nécessairement la clé qui ouvre la porte d’un dialogue ou d’une relation constructive, car le processus d’enfermement intellectuel peut-être tel dans l’instant émotionnel ou se produit le blocage apparenté à la persévération que les ouvertures pragmatique et rationnelle seront très difficiles à trouver pour pouvoir s’adapter. |
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